Augsbourg, un artiste en noir et blanc

Géa Augsbourg (1902-1974) a été l’un des artistes suisses romands majeurs du 20e siècle et l’un des plus populaires aussi. Il a vécu le Paris de l’entre-deux-guerres, Montparnasse et le post-cubisme. Il a côtoyé la plupart des grands écrivains et poètes français. Il a réuni à Cully les intellectuels romands qui discutaient de concilier leur identité locale avec l’universalité de l’art. Il a encore connu aussi le Paris de l’après-guerre et partagé les débats des milieux culturels partisans. Ce n’est qu’à cinquante ans qu’il s’installe définitivement en Suisse, où il poursuit la recherche de nouveaux moyens d’expression, comme la céramique, la gravure et la mise au point originale d’un système pictural. Nourri de voyages (son voyage aux États-Unis fera date), il est par ailleurs doué pour la communication: les journaux, la radio et la TV, aucun média ne lui échappe. Mais par-dessus tout, encore et toujours, c’est avec le dessin qu’il travaille, qu’il invente, qu’il exprime.

Historienne de l’art, enseignante, curatrice et actuelle conservatrice du département des Peintures et arts graphiques au Musée Historique Lausanne, Sylvie Costa Paillet touche avec bonheur à toutes les périodes et à toutes les techniques artistiques, dans une approche aussi esthétique qu’historique. Sa polyvalence lui permet de publier aussi bien sur des papiers peints parisiens du 19e siècle que sur les artistes du 20e siècle (Marguerite Burnat-Provins) ou contemporains (Muma). Le don du fonds Géa Augsbourg, fait par l’Association des amis de l’artiste à son musée en 2007, a été le départ d’une formidable aventure, dans cette traversée d’un siècle d’art et d’histoire, entre actualité, littérature et engagement.