La fenêtre ouverte sur la vallée

Le visage appuyé aux barreaux, une femme regarde vers la vallée et parle à une autre femme. Elle raconte son long compagnonnage avec la nature, loin des miasmes de la ville, à la recherche d’une pureté que seuls peuvent accorder le monde naturel, les plantes, les oiseaux. La confidence s’infléchit dans de brefs poèmes, chantant l’amour, énergie vitale, louant la simplicité d’une vie vouée aux vraies valeurs. Parfois la voix pleure la confiance massacrée par les âmes sèches, la perte de l’innocence d’un cœur naïf victime de la méchanceté d’autrui. Enfin vient le bilan d’une vie tout entière offerte à l’art, ce grand rédempteur, mais qui laisse l’artiste face à l’inexorable solitude de l’être humain.

Née à Arras en 1872 et décédée à Grasse en 1952, Marguerite Burnat-Provins a passé une dizaine d’années en Suisse, où elle a créé le scandale en quittant son mari veveysan, Adolphe Burnat, pour un ingénieur sédunois, Paul de Kalbermatten. Elle a mené une vie d’intense activité artistique, à la fois peintre et poète. Son œuvre écrite comprend en majorité des textes poétiques en prose, alliant la confidence intime aux souvenirs d’enfance, mêlant amour de la nature et éthique de l’art, dénonçant les fausses valeurs (luxe, ambition sociale, réussite financière), exaltant les vraies richesses (beauté du monde, pureté, simplicité). La Fenêtre ouverte sur la vallée illustre cette variété des sujets, en même temps qu’elle développe les multiples inflexions d’une langue souple et harmonieuse, parfaitement maîtrisée. La Fenêtre ouverte... est suivi par les Poèmes d’amour, Dix gardes japonaises, Anne, ma sœur Anne, Jours douloureux, Petits poèmes et Les feuilles du tremble.
Préface et notes de Catherine Dubuis.

Catherine Dubuis est la biographe de Marguerite Burnat-Provins ainsi que de Cilette Ofaire, de Clarisse Francillon et de Pierrette Micheloud. Elle a été la présidente de l’Association des Amis de Marguerite Burnat-Provins de 1995 à 2013.